Archive | textes courts Flux RSS de cette section

21 février 2015 3 Commentaires

Je vous attendais

vachere

Dans la fermette en dehors du village, il y a Raymond.

Il ne rit jamais. Il n’en a pas le temps, il s’occupe de son bétail.

Il a des vaches, des belles, de bonnes laitières.

Chaque année il emmène au concours, la plus belle du troupeau.

Il la surnomme Joséphine parce qu’il aimait Becker.

Elle est noire, mais ne chante pas, c’est comme cela.

Lorsque la date est proche, Raymond la bouchonne.

Il est aux petits soins avec sa Diva.

Il lui mitonne des petits plats du meilleur fourrage.

Il la peigne doucement pour ne pas la blesser.

Il lui brosse les sabots, les lui vernit.

Rien n’est trop beau pour sa Princesse.

Le vétérinaire vient souvent lui rendre visite.

Il ne faudrait pas qu’elle tombe malade.

Lorsque le soleil cède sa place à la lune,

On le voit souvent à côté d’elle.

Il lui murmure à l’oreille les choses de l’Amour.

Lui assure qu’elle est la plus belle,

Et que demain c’est sûr, elle sera victorieuse.

Joséphine ne bouge pas, elle bat doucement des cils.

On pourrait croire qu’elle fait la coquette.

Il lui caresse lentement, une dernière fois la croupe,

Puis usé par son labeur, se dirige vers la chambre à coucher.

Là, il s’étend seul, sur le grand lit moelleux,

Et parfois il s’endort en pleurant.

Il se sent seul Raymond.

L’homme n’est pas beau mais il n’est pas repoussant.

Il est grand et fort et par dessus tout, il est gentil.

A tant de tendresse à donner que cela l’étouffe.

L’humain a beaucoup plus à partager qu’un simple morceau de sa couche.

Il a de l’instruction, lit beaucoup, va au cinéma.

Raymond est à la page et surfe sur le net, c’est son dada.

Il n’est en rien le personnage rural, bourru et entêté,

Que l’on décrit dans les romans de Balzac ou de Zola.

Lui ce qu’il veut, c’est aimer.

Les années passent et son rêve de fonder une famille s’étiole.

Il trouve cela injuste mais se raisonne.

Demain, demain peut-être…

 

De l’autre côté du village, il y a Blandine.

C’est la nouvelle institutrice.

Elle ne connait personne.

Elle aime se promener le long de la rivière, regarder les oiseaux,

Respirer l’air pur et s’étendre dans l’herbe fraîche.

Aujourd’hui, elle a de la visite.

Joséphine est sortie de son enclos, attirée par le parfum suave de Blandine.

Elle s’approche de la maîtresse, doucement pour ne pas l’effrayer.

On dirait qu’elle lui sourit , qu’elle désire lui parler.

Blandine n’est nullement apeurée.

Elle lui adresse une caresse de la main,

Et lui demande si elle a perdu son chemin.

L’animal la pousse gentiment, c’est une invitation semble t’il…

Et Blandine s’exécute et la suit timidement.

Pendant ce temps, Raymond est comme fou.

C’est l’heure de la traite et Joséphine n’est pas rentrée.

Il pense à la chèvre de Monsieur Seguin et il  panique.

Si jamais quelqu’un ose effrayer sa Reine…

Mais ses pensées n’iront pas plus loin.

Là-bas au bout du chemin, il y a une personne qui vient.

Un être qui accompagne sa sultane sur le chemin.

Le spectacle charmant de deux altesses qui vont bon train.

Et Raymond reste là, tout ébaubi, tout surpris.

Il a perdu sa langue, ses pommettes rougissent .

Il a chaud, ses mains sont moites.

En un instant, il est tombé amoureux.

Les idées se bousculent dans sa tête,

Il parvient seulement à murmurer :

- Je vous attendais.

8 novembre 2014 1 Commentaire

COncours Halloween, mon texte.

Dans le Comté de Carlow,

 

Avec acharnement, le 31 octobre revient, accompagné de la lune, toujours pleine pour effrayer  l’Irlandais accoudé à la table de la taverne Carlow Brewing…

Connor Jack, un personnage haut en couleur, très imbibé de boisson pur malt a du mal à garder les yeux ouverts. Il avale sans compter les verres de whisky, attendant  impatiemment les premières bouteilles qui sortiront de la distillerie des Walsh située dans le Comté de Carlow. Un endroit dont il peut être fier si l’on considère le nombre de châteaux, de jardins…de curiosités locales…

Connor regarde sa montre. Bientôt minuit. Il semble tout à coup effrayé. Il lève les yeux au ciel avant de s’écrouler ivre mort.

Il cauchemardera cette nuit encore et bougera dans son sommeil, se battant contre les monstres du passé. Les habitants ont l’habitude de ses frasques.

En effet, il y a quelques années Connor et ses amis erraient du côté de Brownshill. Là-bas se trouve le plus gros dolmen d’Europe. Connor, Shane et Ryan, comme  à leur habitude  se promenaient de ce côté. Ils aimaient les légendes parlant de ce portail funéraire et  jouaient  à se faire peur en permanence. Un soir, veille de la Toussaint, alors qu’ils n’avaient pas prêté attention  à l’heure, les trois garçons connurent l’épopée la plus effrayante de toute leur vie. Ils buvaient en cachette, comme tout irlandais qui se respecte, et à la nuit tombée avaient fait un feu près des blocs de granit. Ils étaient comme hypnotisés par le vacillement des flammes. Petit à petit, leurs corps se firent légers. Ils se levèrent, et se dirigèrent vers les énormes pierres. Quand ils les touchèrent, ils se sentirent emportés par une spirale infernale… .Combien de temps dura le voyage ?  Ils comprirent qu’ils étaient arrivés quand ils eurent l’impression d’atterrir violemment sur un sol aussi dur que le marbre. Ils se frottèrent les yeux, les fesses aussi,  une première fois, puis une seconde…Où étaient-ils ? Ils ne reconnaissaient pas l’endroit.

-Allons voir à quoi cela ressemble vu de l’extérieur, suggéra Shane

-Excellente idée murmura Ryan, mort de peur.

Ils ouvrirent la lourde porte d’entrée et se retrouvèrent dans un parc aux arbres immenses qui, penchés semblaient les menacer.

-On ne panique surtout pas, réussit  à articuler Connor. Il y a sûrement une explication au fait que nous nous retrouvions à des dizaines de kilomètres de chez nous sans avoir fait un pas…Les amis,  je pense que nous nous trouvons actuellement au château de Huntington. Un rêve éveillé… Retournons  à l’intérieur, il y a peut-être quelqu’un qui pourra nous éclairer.

Connor finit  à peine sa phrase qu’un feu se déclencha face  à eux dans le parc du jardin, les forçant à revenir  dans la demeure. Y seraient-ils en sécurité ?

-Vous avez vu ça ? cria affolé Ryan. Un feu venant de nulle part ? C’est fou !

-Ce qui m’étonne davantage reprit calmement Connor, c’est que le château n’est pas exactement comme il le devrait ! Pas de tour d’observation, de murs d’enceinte…Allez, courage, on visite.

Nos trois adolescents entrèrent dans chaque pièce et ce qu’ils virent était incroyable et terrifiant  à la fois ! Une impression étrange d’être revenus au XIII em siècle. Le mobilier, l’état des lieux…les tapisseries.

-Non, c’est impossible ! Où sont les interrupteurs ? Je ne vois que des bougies. N’y a-t-il donc personne ici ? paniqua Ryan.

-Je suis en train de rêver, je suis en train de rêver, je suis en…

-Silence Shane, je vais trouver la raison de notre présence ici.

Connor était le plus aguerri des trois. Il entreprit de monter le grand escalier central en direction des chambres pensait-il.

Quand il entra dans la première chambre, il ne vit rien. Le lit n’étai t pas défait. Et aucun objet n’attira son attention. En mettant un pied dans la seconde, il frissonna. Une impression de courant d’air qui le traversait lui donna la chair de poule. Il lui sembla qu’on l’observait.

Tout  à coup, une voix chuchota à son oreille.

-Je suis là et tu ne me vois pas.

Connor se retourna, encore et encore jusqu’à s’étourdir…

Personne.

-Montrez-vous espèce de lâche !

-Je ne suis pas un lâche, je suis le fantôme de ces lieux.

-Les fantômes n’existent pas !

-Quel  jour sommes-nous ?

La voix était perfide et malfaisante. Cela ne  laisse présager  rien de bon.

Les jambes de Connor, eurent du mal  à le porter. Il connaissait l’histoire de son aïeul Stingy Jack et la légende que chacun racontait le jour d’Halloween. Il eut l’impression de se vider de son sang tant il était pâle.

Le fantôme se matérialisa alors. Il avait l’apparence d’un druide. Ses yeux révélaient sa colère. Ils étaient d’un noir couleur   jais, brillants et intenses.  Sa longue toge  n’était pas blanche mais rouge. Couleur  guerrière. Ses insignes sacerdotaux étaient de bronze, ce qui signifiait qu’il n’était pas haut gradé.  Connor espérait qu’il n’y en avait pas d’autres en ces lieux.

Une envie de vengeance régnait entre ces murs épais.

-Je ne suis pas responsable des agissements de mon ancêtre réussit  à articuler Connor qui reprit rapidement ses esprits.

-Responsable ou non, tu vas payer. Je me retrouve moi aussi coincé entre le monde des morts et celui des vivants sans aucun répit et c’est la faute de Jack O’Lantern, ton aïeul !

Connor décida qu’il n’en écouterait pas davantage et rejoignit au plus vite ses compagnons. Une bataille terrible s’engagea alors. Shane et Ryan voulaient comprendre mais Connor ne desserrait pas les dents.  Il dit seulement que le jour était mal choisit puisque c’était celui d’Halloween. Cela sembla les rassurer quelques instants. Ils considéraient cette fête comme une énorme farce. Mais, des objets d’ordinaire inanimés,  commencèrent  à se déplacer sous l’effet de cet esprit frappeur. Les armes accrochées au mur de la grande salle furent projetées dans leur direction. Le danger était réel.  Chaque instrument dégoulinait de sang comme pour rappeler aux trois garnements qu’ils avaient déjà servis et qu’ils n’étaient en rien des jouets.  Une masse d’arme, une épée, des flèches…De temps  à autres, apparaissaient telle une image subliminale,  le portrait d’un pendu, celui d’une tête coupée… des corps en décomposition.

Ryan espérait de tout son être qu’aucune araignée ne pointerait le bout de son nez. Shane avait plutôt la phobie des serpents…à peine avaient-ils pensé à cela que d’énormes bestioles firent leur entrée dans la grande salle. Ryan pleurait, Shane hurlait. Connor continuait à se persuader tout bas qu’il ne s’agissait là que de pures illusions.

–Il faut tenir jusqu’au petit matin dit-il avec assurance en basculant la lourde table derrière laquelle ils pourraient se protéger. Dès que le soleil apparaîtra, nous retrouverons notre quotidien, je vous le promets.

C’est  à ce moment là qu’une flèche transperça la cuisse de Ryan. Celui-ci hurla si fort  avant de s’évanouir que Shane crut que ses tympans allaient succomber.  Il en oublia les serpents qui, visqueux arrivaient en nombre tout autour d’eux. Cela faisait maintenant quelques heures que l’épouvante régnait en maîtresse dans  ce lieu maudit.

Il fallait réagir et vite. Ryan perdait énormément de sang.  Connor décida alors de rejoindre les jardins.

Le fantôme est  incapable de sortir de la bâtisse. C’est ce que racontent les légendes de fantômes essaya de se persuader l’enfant.  S’il déclenche des feux  à distance, nous irons nous réfugier dans la rivière.

Le druide comprit très vite le stratagème et se dirigea vers le couloir afin de leur bloquer l’accès vers l’extérieur.  Il savait que tout descendant  Jack était malin comme un singe.

Sur la table, de vieux navets, en quantité.  Les garçons les jetèrent sur le fantôme qui s’étant matérialisé demeurait visible. Il riait  à gorge déployée devant tant d’efforts inutiles.

Soudain, un cri de colère se fit entendre. Il venait de l’étage. Le druide cessa immédiatement de rire. Rendu inattentif l’espace d’un instant, Connor et Shane portant Ryan, purent ainsi atteindre la porte d’entrée. La voix continuait de gronder, toujours plus fort…on aurait dit le tonnerre.  Aucun d’eux n’avait envie de savoir d’où cela pouvait bien provenir. Ils étaient terrifiés.

Au beau milieu de la pelouse à six heures du matin, il faisait froid. Le jour n’allait pas tarder  à poindre. Les heures avaient défilé telles des secondes. Ils avaient  pourtant réussi à tenir durant près de 6 heures. Le fantôme ne pouvait les combattre directement alors, il procédait par ruse. Ils avaient évité les  projectiles, les départs de feu.  La folie ne s’était pas emparée d’eux quand  les corps mutilés et les  animaux en tout genre étaient apparus. Si ce fantôme à coup sûr n’était pas doté d’une  grande force il avait cependant magistralement réussi  à les  terroriser.  La voix qu’ils avaient entendue ensuite, avant de rejoindre les jardins,  appartenait très certainement  à un monstre d’un tout autre calibre et ils n’avaient absolument pas l’intention de le vérifier.

Un brouillard très épais venait maintenant de s’abattre avant même qu’ils aient eu le temps de sortir de cet état de stupeur. On n’y voyait plus rien. Les garçons se tinrent la main. Il n’était pas question de se perdre. La panique les gagna quand  ils se rendirent compte que Ryan ne respirait plus. Shane lança un regard plein de reproches à Connor. Celui-ci baissa les yeux.

Quelques minutes plus tard, sans comprendre pourquoi,  la brume se dispersa. Ils étaient revenus  à leur point de départ.  Ryan  était debout,  il n’y avait aucune trace de sa blessure.

Au grand étonnement de Connor, ses camarades semblaient être devenus amnésiques quant au souvenir de cette nuit mouvementée. Aucune question, pas de rancune.

-J’ai fait un rêve incroyable ! On a combattu des fantômes cette nuit et on a gagné  dit en riant Shane.

-J’ai fait un rêve semblable affirma Ryan. Mais, je l’ai oublié au réveil.

Connor restait silencieux. Lui  se souvenait de tout et savait que tout ce qui s’était passé avait été bien réel. Cette nuit, il avait failli perdre ses amis. Tout était de sa faute.  Etait-ce un avertissement ? Cela recommencerait-il chaque année ? Il y avait donc du vrai dans la légende de  Jack’O Lantern ?

Mais au fait, Amis lecteurs savez-vous qui est véritablement  Jack ? Aimeriez-vous  le savoir ? Réfléchissez bien avant de répondre.

Méfiez-vous des histoires…elles contiennent toujours un soupçon de vérité.

 

 

27 février 2014 2 Commentaires

Et si ?

couple avec parasols, couple au bord du lac, etreinte, amour 162789

- Et si on partait en voyage ? Rien que toi et moi. Oublions le monde, entrons  à tout jamais dans notre bulle et restons-y.

- Mais, Lucinda, tu n’y penses pas. Que fais-tu de notre travail, de nos amis, de notre quotidien ?

- Justement ! J’en ai marre de ce » tous les jours » qui ne mène plus  à rien. Moi, je veux des frissons. je te veux toi, comme aux premiers jours, rien que pour moi. Allons, un peu de courage !

- Mais, Lucinda, je suis toujours là. Et, si cela peut te rassurer, je t’aime comme au premier jour.

- Mauvaise réponse my Love. Je veux  sentir ton Amour aller crescendo. Je veux tes bras, ta bouche quand j’en ai envie et je suis affamée.

-Mais enfin, Lucinda, qu’as-tu avalé au petit déjeuner ?

-Un grand bol de lucidité ! 

- Lucinda, cesse donc ce petit jeu. Tu sais bien que c’est impossible. On ne peut tout quitter sur un coup de tête.

- Alors, my Love, jouons au jeu des « si ». Si l’on pouvait, là, maintenant partir tous les deux ?

-Je te suivrais mon Amour

-Si tu devais rembobiner le film de ta vie.

-Je n’y changerais rien mon Amour. Je rembobinerais sans cesse. D’avant en arrière…j’userais la pellicule de l’avoir trop regarder.

- Si tu devais rencontrer la femme de ta vie ?

- Ce serait toi mon Amour, toi et aucune autre. Depuis le temps, je n’ai jamais respiré ailleurs que dans ton cou.

-Si tu devais changer quelque chose ?

-Je changerais les idées de ma Lucinda, qui me taquine à chaque fois. Je lui prouverais que l’avenir n’a pas  tracé un chemin indélébile, que la vie parfois nous fait des crocs en jambe et que l’on peut toujours se relever. Je ferais rentrer dans son coeur tous les mots d’Amour que je lui crie chaque jour si fort afin que jamais elle ne les oublie. Je graverais des caresses et des baisers brûlants sur sa jolie peau dorée et enfin, je lui demanderais de me faire un enfant.

- …

Lucinda n’a rien dit. Elle a sorti de sa poche un mouchoir blanc tout  brodé pour essuyer les petites larmes qui perlaient déjà au bord de ses yeux. Elle a plongé son regard dans le sien. Puis, émue, elle a dit :  Ce voyage, on le fera en famille alors ?

Il a souri. Cela voulait dire OUI.

 

21 décembre 2013 6 Commentaires

Une part de rêve dans la réalité, c’est Noël

abg1

C’était Noël. Le jour de l’année où chacun pense que son rêve va se réaliser. Les enfants désirent des cadeaux, les adultes, le bonheur. Les cœurs et les esprits sont chahutés. L’espoir a du sens. On se dit qu’une nouvelle année…

Pour certains, c’est l’apothéose. Ils reçoivent « des joujoux par milliers » Pour d’autres, le désespoir, l’attente et finalement, le vide, le noir, le nu.

Seule au milieu de la foule, une jeune-fille au teint pâle regarde les étoiles. Elle attend celle qui, filante, lui permettra de faire un vœu. Elodie va demander énormément pour être exhaussée, un peu. C’est son coeur qui souffre le plus et depuis toujours. Elle rêve de complicité, de partage dans les bras de la liberté. Elle veut rencontrer l’Amour  mais pas la guimauve qui va autour. Elodie désire l’autre, l’âme soeur. Sans parler, se comprendre. Juste par un regard, ressentir le désir sans qu’il soit besoin de le dire. Elle sait, pire elle sent que l’autre l’attend, quelque part dans la foule. Alors, elle sort et marche parmi les hommes, persuadée que son corps réagira, tel un aimant qui en rencontrerait un autre…Son ventre connait la torture des spasmes. Pour l’instant ce n’est que de l’angoisse. Elle connaîtra bientôt la chaleur. Celle des mains sur son corps, des mots susurrés, des baisers échangés. Quand elle déambule ainsi son regard brille et les gens se retournent sur son passage. Elle irradie. Ne lui manquent que les ailes et l’auréole…

Ce soir, veille de réveillon, elle se laisse aller au chagrin. Les larmes roulent sur ses joues. Elle s’était fait une promesse. Celle de trouver son autre avant le 24 décembre à minuit. Mais, aucune fée ne l’a approchée. Alors, sur son vélo, elle prend le chemin de mer. L’océan a toujours eu un effet apaisant. Les cheveux au vent, elle ferme les yeux et dans sa tête devient sirène sous la colère d’Aphrodite. Les marins succombent, les bateaux deviennent des navires fantômes, seul Ulysse attaché au mât rejoindra le port.

Elodie suit les étoiles filantes…elles guident encore et toujours son chemin. Elle porte le regard au bout de la jetée, sur un banc délavé.  Un homme, le regard perdu, seul, semble attendre.

Le coeur d’Elodie s’enflamme. Elle n’a pas connu de pareil instant. Il lui semble que même respirer devient difficile. Ses jambes légères n’ont jamais parcouru tant de distance en si peu de temps.

Quand elle arrive à la hauteur du jeune-homme, toute tremblante, elle lui demande la permission de s’asseoir.

Le regard bleu-marine du garçon lui sourit, tristement.

Attirée, tel un aimant, elle est maintenant à ses côtés. Elle ne parle pas mais l’écoute respirer. Il lui semble que leurs cœurs battent la même mesure. Ils vont crescendo.

Cela ne fait aucun doute. Elle qui ne croit pas au hasard, se trouve face à son autre.

Il ne dit rien, et contre toute attente, lui prend la main. Un geste simple, plein de douceur.

Elle tremble, il frissonne.  Tous deux se regardent  à présent.  Ils savent déjà le voyage de leurs cœurs enlacés. Elodie a trouvé sa moitié. Il est des Amours qui sont comme des évidences…

 

Petit conte de Noël…

 

8 novembre 2013 1 Commentaire

Rage.

Rage. dans textes courts atelier-d-ecriture_article_high2

Penché sur son cahier, la tête entre ses mains, Jérémy semble perplexe.

Il a ouvert à la dernière page, là où les lignes sont encore vierges. Va-t-il se lancer ? Tout se bouscule ce soir, le bien-être, le mal-être, la joie et la peine, la fatigue,  et l’envie pourtant d’aller plus loin.

Il inspire profondément, enlève le capuchon, l’encre bleue ce soir va saigner… Tout ce qu’il garde  à l’intérieur, il va le confier. C’est toujours mieux qu’un psy. Il déteste les médecins.  Si ses idées ne sont pas claires, c’est simplement parce qu’il a peur. Il est effrayé de constater que peut-être, il va devoir tout effacer, tout recommencer.

Il lève le bras, se cale sur sa chaise. Ça y est, il est prêt.

Les mots vont révéler les maux qu’il n’a jamais dits. Il sait déjà que cela sera douloureux, mais il doit dire la vérité, sa vérité, coûte que coûte. Il a l’impression de se jeter dans le vide, comme un trapéziste, faire le quadruple saut sans filet…il semble terrorisé.

- »Vous est-il arrivé de vous sentir piégé ? Vouloir que ça avance et pourtant être comme englué? C’est un sentiment détestable. Être et ne pas pouvoir être véritablement ! Se dire que l’on n’a pas pris le bon chemin, ou que l’on est simplement arrivé  à la croisée de ce chemin ? Qu’il est difficile de faire un choix. Les années sont passées  à toute vitesse. J’ai l’impression d’avoir été un mauvais conducteur et d’avoir brûlé les feux tricolores, dépasser la limite de vitesse…Mon maître mot, c’est VIVRE ! J’ai voulu tout faire.  Certainement trop vite. Je suis passé à côté de l’essentiel. On m’a aimé et j’ai aimé. Cela n’a jamais duré bien longtemps. À qui la faute ? Personne ! Enfin, je pense. J’y ai cru pourtant,  et à chaque fois. Mais, on s’est toujours précité. Pas pris le temps de se découvrir…Passés de la première rencontre au lit, du lit  à la vie conjugale, de la vie conjugale  à l’absence de partage. Comme ça, en un instant…  Aucune empathie, certainement pas assez d’efforts…et pas de réconfort. Les jours s’enchaînent et ce soir, je vous confie que j’ai certainement bien vécu mais pas comme j’aurais aimé. C’est un bien vécu qui signifie, vécu beaucoup et dans tous les sens… avec bien trop d’excès. J’ai aimé mal. Les femmes aiment qu’on leur ouvre la porte, qu’on leur présente leur chaise alors qu’elles vont s’asseoir, qu’on leur tende leur manteau…qu’on leur offre des cadeaux, des fleurs…qu’on leur souffle à l’oreille combien elles sont belles… mais, elles ne sont pas futiles, elles aiment aussi parler de leur dernier livre, de leur dernier film… de leurs soucis, qui s’ils ne sont pas les nôtres ont toute leur importance… Je n’avais pas compris. Je n’ai pas eu de mère. Est-ce que cela peut expliquer mon manque d’écoute, de compréhension? Non, je ne me cherche pas d’excuses, je suis tourné sur moi-même et  qui se ressemble, s’assemble… Alors, je suis seul. Sur ce cahier, je me dévoile et ça fait mal.  C’est un peu comme si je me regardais dans un miroir. L’image que celui-ci me renvoie ne me convient pas. Non, ce n’est pas moi, je ne suis pas comme ça ! Ou alors, avançant dans l’âge, je manque de réconfort et je m’apitoie sur mon sort.  Je sais maintenant ce que je veux et ce que je ne veux pas ! La peur m’a quitté et je veux être heureux.  Cette femme, lorsque je vais la rencontrer, elle sera ma chance et je ne la laisserai pas passer. Qui a dit qu’un homme ne pouvait pas changer ?  »   

Jérémy se relève. Il pose sa plume. Il a maintenant un sourire radieux.  Son cœur a fait la paix avec lui-même.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

123456

Haiyang |
lescontesdethalia |
Kittykitkat |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | les meilleures sélections d...
| Quejelaime
| Serge1885