Il marche sur le côté, faisant face aux lueurs des phares. Il est tel le somnambule, happé par des rêves qui chamboulent sa tête et son coeur. Tel un funambule, il risque le tout pour le tout. Si à la fin de la nuit, il est toujours là, il l’appellera et lui dira tout.
Aveuglé par la lumière, il s’imagine déjà de l’autre côté. Comment cela doit-il être ? Personne n’en est jamais revenu.
Il perd pied, l’imagination a pris la place du concret. Il n’a plus les pieds sur terre.
Quand elle lui a dit ; la déchirure fut fulgurante. Tel un éclair, le cœur coupé en deux : ne lui restait que ses yeux pour pleurer, sa bouche pour hurler, ses mains pour supplier.
La vie ne suit pas toujours le chemin qu’on lui avait tracé. Au travers des lacets, parfois elle s’échappe. Un virage et hop, la voilà disparue, vous voici déchu.
Et pourtant, vous vous accrochez. Vous croisez les doigts, vous voulez croire. Il est des verres que l’on voit toujours à moitié plein et c’est ce qui vous fait tenir.
En équilibre, il joue avec son ombrelle que le vent fait tournoyer. La vie c’est toujours compliqué.
On vise les étoiles et on est content lorsque l’on touche seulement le premier nuage du bout des doigts et sur la pointe des pieds. C’est l’espoir qui nous nourrit, un sourire qui nous retient, un mot qui nous illumine.
On peut être seul au milieu de tous et s’en accommoder, c’est une question de caractère.
Le clown fait rire mais en coulisse il a le sourire en forme de croissant de lune inversé et personne ne le sait. Il cache avec pudeur toutes les émotions de son coeur pour vous plaire. C’est le métier le plus difficile.
Notre piéton de la nuit le sait. Il a égayé ses journées sans jamais faiblir mais elle s’est lassée. Les sentiments s’envolent au premier coup de vent et si c’est la tempête rien ne les arrête. Ils partent si loin que le plus vaillant des pirates sur les flots perdra leurs traces, que le plus grand de tous les rois sur eux ne régnera pas, que le plus preux des chevaliers osera déclarer forfait. Notre piéton nocturne vient de l’apprendre à ses dépends. Un mot déplacé qui crée des maux insensés faisant tellement mal en dedans qu’ils restent gravés à jamais.
Comme un drapeau en berne, la fin d’un tout, c’est le début d’un rien !
Et rien, ce n’est vraiment pas grand chose.
Alors, désespéré, il marche sur le côté, faisant face aux lueurs des phares. Il est tel le somnambule, happé par des rêves qui chamboulent sa tête et son cœur. Tel un funambule, il risque le tout pour le tout. Si à la fin de la nuit, il est toujours là, il l’appellera et lui dira tout.