Est-ce par hasard ?
Bonjour,
Voilà, je suis repartie dans un nouveau roman. Une saga familiale avec intrigue à la clef ! Vos commentaires sont les bienvenus.
Saint-Malo intra-muros.
Grand soleil.
Nuages…si peu.
De l’autre côté du mur, des mouettes tournant autour des bateaux de pêche. De grands mats qui font voyager, leurs ponts bien astiqués. Les cris sur le port se mêlent aux pas des badauds.
Il fait chaud.
Galia, belle et ténébreuse, à la terrasse d’un café regarde en direction de la fenêtre du second étage. Celle-ci, entrouverte lui renvoie depuis plus de dix minutes la sonnerie d’un téléphone qui ne semble intéresser personne. Son écho se perd dans les méandres de la ville et meurt aux portes de l’océan. Elle semble sortir doucement de sa rêverie. Elle s’étire et baille, avale d’une traite son diabolo menthe.
Sa pause est terminée. Elle repart travailler dans ce casino qui ne la séduit plus.
La cinquantaine assumée, c’est une jolie brune aux yeux couleur de lune. Dotée d’un charme fou et très sensuelle, elle ne laisse aucun homme indifférent, car tout semble si naturel chez elle. Elle ne s’énerve jamais et préfère aller au contact plutôt que de fuir à la moindre anicroche. Son plus gros défaut : elle est bavarde. Mais ceux qui la connaissent savent bien que le flot de paroles qu’elle déverse n’a pour but que de cacher une timidité presque maladive. On pourrait la qualifier de personne agréable à vivre.
Depuis quelques temps cependant, son humeur est morose et ses sourires ne sont que des grimaces de politesse. Souffrirait-elle de dysthymie, de dépression chronique ? Cela fait maintenant plusieurs mois qu’elle se demande si finalement elle n’a pas raté sa vie. Elle a même cessé de prendre des cours de chant alors que cette passion la suivait depuis l’adolescence.
Galia a eu 5 enfants. Ils sont tous très différents. Jusque là rien d’anormal, bien au contraire. Seulement, ils sont incapables de s’entendre. Ils passent leur temps à se chamailler pour des broutilles. Pire, ils jugent constamment les actes de l’autre et cela, leur mère ne peut plus le supporter.
Alors, elle rentre de plus en plus tard.
Son seul refuge, les bras de celui qui partage sa vie depuis presque 20 ans.
François a quelques années de plus que Galia. Il est distant avec les gens qu’il ne connait pas et chaleureux avec les autres. Tout l’intéresse. Les arts comme la mécanique, l’histoire, la politique. Il aime les enfants de sa femme comme si c’était les siens. Chaque week-end, il enfile son bleu de travail afin de rénover son petit bolide : une Crosley super sport de 1950. Une voiture mythique. Un intérieur en cuir rouge, des phares immenses qui la font ressembler à une grenouille. Il la choie depuis des années avec beaucoup de patience. Ce n’est pas un as de la mécanique et il a tout appris au fur et à mesure.
François est aux antipodes du premier mari de Galia. Alain était grand, égoïste. Il n’effectuait aucune tâche ménagère, ni aucune autre d’ailleurs. Il vit aux Etats-Unis depuis leur séparation et n’a jamais revu ses enfants. Il n’a pas versé de pension alimentaire depuis leur divorce et elle ne lui a pas intenté de procès pour cela. Elle préfère avoir la paix. Et cette tranquillité, elle l’a trouvée auprès de François.
Celui-ci s’entend très bien avec Thérèse et Aimable, les parents de son épouse. Il est le seul à avoir reçu les confidences d’Aimable au sujet de son séjour dans le camp d’ Oranienbourg-sachsenhausen. Jusqu’à présent, seule Thérèse connaissait cette période terrible de sa vie qui avait duré plus de 18 mois. Elle avait écouté, inlassablement la souffrance de son mari. Cela l’avait considérablement aidé à se reconstruire. Par la suite, ils ont toujours travaillé ensemble dans ce garage à l’entrée de la ville, qu’ils avaient bâti pierre après pierre. Il n’imaginait pas sa vie sans elle. Elle ne pouvait respirer sans lui. Il est des couples qui sont une évidence. Même dans les moments difficiles, ils restent unis.
À chaque vacances scolaires, les petits enfants déboulaient chez leurs grands-parents. Thérèse les accueillait tous les 5. Elle avait une armoire pleine à craquer de jeux de société et le jardin était une mine d’or pour les parties de cache-cache. De plus, les bouts de choux n’avaient qu’à traverser la route pour se retrouver sur la plage. Combien de châteaux de sable, de pichenettes dans les billes pour faire une course de cyclistes, une bataille de petits soldats en plastiques ou encore de militaires… Les vacanciers, curieux encerclaient les enfants. Les adultes donnaient des conseils et replongeaient en enfance. À la fin de l’été, un concours de billes était organisé sur le sable, petits et grands ayant attrapé le virus en peu de temps. Combien de murs de sable construit en renfort contre les vagues ?
Les veillées en famille étaient nombreuses, faisant resurgir les souvenirs. Qui avait saccagé le jardin ? Qui avait mangé tous les morceaux de banane de la salade de fruit ? Qui était revenu noir de cambouis en voulant jouer au mécanicien ? Les années passaient mais les anecdotes étaient toujours là. Racontées de mille façons, débordant de détails…faisant naître des éclats de rire à chaque extrémité de la maison.
Oui, Galia a mal au cœur quant elle repense à tout cela. La famille éclate. Le dialogue tel un élastique s’étire. Il est devenu si mince qu’on le sent sur le point de rompre…
Elle frissonne. Au moment où elle s’apprête à monter dans sa voiture, elle a l’impression qu’un poids immense vient de s’abattre sur sa poitrine, l’empêchant presque de respirer. Non, elle ne laissera pas le temps ronger les relations.
bonjour charlotte
joli roman que tu nous prépare, on va suivre avec intérets ce qui va arriver à Galia .
je te souhaite bon réveilon
bise
Dominique
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Un début d’intrigue intéressante, mystérieuse, j’aime comment tu situe le contexte, la vie des personnages, puis l’endroit est bien choisi à St Malo. J’ai lu d’une traite ce premier extrait, comme je le faisais avec les péripéties de Cassiopée, encourageant ! On a hâte de découvrir la suite
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Galia fait déjà partie de notre présent,
vive la suite !!,
puisse ton inspiration être féconde Charlotte,
à bientôt.
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