L’argent ne fait pas le bonheur
Tiré d’une histoire vraie.
J’habitais à l’entresol. Un immeuble bien comme il faut. Je fis la connaissance de S. et de son petit garçon. Elle était enjouée. Elle ne sortait jamais de la salle de bain sans son rouge à lèvre rose bonbon. La chevelure en pétard, un jean sur les fesses, un petit foulard autour du cou. Elle me faisait rire. Son fils H. était asthmatique. A trois ans, il ne parlait pas. Le médecin affirmait alors qu’il ne parlerait que le jour où il serait capable de faire des phrases complètes…qu’il avait du caractère et qu’il ne voulait pas ânonner…et il avait raison. Je me souviens encore de la 1ere fois où il cria mon prénom par dessus le balcon, m’invitant à boire un café… (Sourire)
Les semaines passèrent et je rencontrai enfin B., son mari. Il n’était pas grand mais très nerveux. Il avait déjà un poste à responsabilité et le caractère qui allait avec. Il avait pu accéder à ce poste grâce à elle qui lui avait payé ses études. Elle était caissière chez L.
Très vite, je me rendis bien compte qu’elle s’ennuyait. Il voyageait beaucoup et elle se sentait seule. J’étais son « sauveur » affirmait-elle. Elle descendait souvent les deux étages qui nous séparaient et vice versa. Ensemble on disait les pires bêtises…quelle rigolade alors!
Pourtant, un jour, elle céda aux avances d’un ancien copain. Elle s’apprêtait à partir mais B. kidnappa son fils. Il ne lui rendrait que si elle restait à ses côtés. L’amour d’une mère est si intense… qu’elle décida de regagner son foyer. Son fils était tout simplement chez une amie du couple qui avait choisi d’être du côté de B.
Ils déménagèrent.
B. avait de plus en plus de responsabilités.
Ils eurent un second fils, P.
Elle continua sa vie en solitaire pendant une vingtaine d’années. Les maisons secondaires au bord de la mer, l’opulence, l’argent…ne la rendirent pas plus heureuse.
Un jour cependant, alors que les absences de B. se prolongeaient, elle engagea un détective privé. Ses doutes se confirmèrent. B. menait une double vie. Il vivait avec une autre femme à Paris, plus jeune…S. dira même, réaction de femme blessée, « plus jolie, plus sexie »…elle était tellement dépitée.
Elle décida alors d’entamer une procédure de divorce.
Ce fut long mais, l’avocate fut efficace! Au bout du compte, des milliers d’euros de pension alimentaire…
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S. rit et pleure à la fois…Elle est à l’abri du besoin. Son cœur est en 1000 morceaux. Elle a l’impression d’avoir gâché sa vie…sa vie sentimentale surtout car elle ne regrette nullement ses deux enfants. L’argent ne fait pas tout…comment être certaine que sa prochaine relation n’en voudra pas à son patrimoine ni à son porte-monnaie…Elle se sait influençable et la nuit, seule entre ses draps, elle pleure toutes les larmes de son corps.
Parfois, elle doute de son choix. Aurait-elle dû se taire et continuer sa vie de couple? Finira-t-elle seule? Les médicaments qui se superposent sur sa table de nuit traduisent son mal être.
Son fils aîné a quitté la maison, le second est en pension. La maison est trop grande…
Et son cœur qui est immense, est vide.
Elle éprouve aujourd’hui une véritable haine pour son ex-mari. Cependant, elle sait que leurs chemins n’ont cessé de s’éloigner depuis le début. Il est monté dans la hiérarchie. Elle ne travaillait qu’occasionnellement comme vendeuse ou caissière…ils ont fini par ne plus avoir que peu de choses à se dire….et même rien.
Quand les chemins vont dans des directions opposées…que la route est longue…de solitude, d’égarement, de doutes…et celui des deux qui reste garde un regard amer sur la vie. Il rêverait de tout effacer afin de pouvoir tout recommencer en plus grand, en plus beau, en plus joyeux…entendre son cœur battre, et vivre!