Un mot
L’homme qui traverse la rue d’un pas rapide se fige soudain.
Vers lui, un automobiliste, l’impact, fatal n’est pas loin.
Il sait que la minute qui s’écoule est la dernière.
Mais, il n’éprouve aucune colère.
Déjà, son esprit part en promenade.
Dans sa tête, il revoie sa vie, charmante promenade.
L’enfance, heureuse dans la ferme des Grandjean.
Les balades à cheval à travers champs.
Louison, la voisine qui veut toujours l’embrasser.
Georges qui sait toujours tout mais qui ne parle jamais.
L’encre bleue sur les cahiers d’écoliers.
La maîtresse, sévère mais juste qui apprend le respect…
Les vacances chez grand-mère au bord de la mer, l’été.
Là où les coquillages à nos oreilles murmurent des secrets.
Le collège, le lycée, une rencontre sur un banc.
Toi Fanon qui m’a donné de beaux enfants.
Et puis, la vie, qui court et l’habitude surement,
Qui m’a conduit à cet égarement.
Je te demande pardon Fanon, cette solitude est ma punition.
Et, du bonheur j’en ai eu plus que de raison…
Un sursaut et soudain l’homme se jette en avant.
Il veut maintenant vivre, ce n’est pas le moment.
Il prend son téléphone et appelle Fanon, blême,
Lui murmure simplement combien il l’aime,
Comme un cri, une ultime confidence.
Il faut toujours croire en une seconde chance.
Je laisse pour cette fois, la fin de l’histoire à votre clairvoyance…
J’ai baissé le pavillon noir, je suis à ses côtés.