Elle.
Elle fait le point sur sa vie. Elle n’a pas un demi siècle mais les soupirs l’assaillent trop souvent.
Est-ce qu’au bout du compte elle a accompli ce qui lui tenait à coeur? Pourquoi toutes ces questions au sujet du bonheur?
Des malheurs, elle en a connu beaucoup. Des parents disparus trop tôt, l’orphelinat, une famille, puis deux, puis trois…
Pas d’amour avec tellement de chocolat autour…du sucre, du glucose…de la guimauve, ces douceurs tant appréciées des enfants…de tout cela on ne l’a pas comblée.
Alors, de rage, elle s’est fermée au monde et, elle est restée dans sa bulle jusqu’à ce que son corps de femme attire les hommes.
Ils lui ont tendu la main. C’était toujours le même refrain. Ils lui ont donné de l’amour, des caresses, un peu de tendresse…mais son coeur ne s’est jamais ouvert pour autant. Il était sec, et désertique depuis bien trop longtemps.
Ils lui ont offert des bijoux, des voyages et encore des bijoux. Certains ont déposé leur coeur à ses pieds mais, elle les a toujours repoussés. Quelque chose en elle était mort né. Pas d’émotion, jamais de frisson. Une larme parfois mais une larme de désespoir, comme un cri silencieux qui vous déchire les entrailles et que vous êtes seule à percevoir.
Il y avait la Lili de tous les jours, celle qui voulait paraître, qui voulait se sentir désirée, belle, attirante…Il lui semblait alors que son coeur battait…Rien de violent. Juste un petit tam-tam qui signifiait, je suis vivant. Elle souriait, se pomponnait afin de pouvoir jouer un rôle : LE RÔLE! Et, le personnage qu’elle interprétait alors n’était pas très compliqué. Il s’agissait de donner le change, de faire semblant, de rire, de parler, de participer au milieu de la foule. Pour l’aider, un peu d’alcool, un peu de fumette…des médicaments parfois…De l’illusion tout le temps. Elle faisait trop de bruit, parlait trop et trop fort…Elle voulait que les hommes la courtisent, l’entourent, la complimentent. Et, tout cela était facile puisque Lili était une très belle plante…
Mais, les femmes, comme les fleurs se fanent et les hommes se lassent.
Lili est retournée dans sa bulle et cette fois-ci, a fermé la porte à clé. Au fil des jours, elle s’est créé un monde dans lequel elle est maintenant cloîtrée. Les médecins ne peuvent rien pour elle puisque c’est bien son esprit qui refuse la réalité. De sa double personnalité, c’est bien le côté sombre qui a gagné.
Parfois, on l’entend chanter…
« Ne me quitte pas…. »