Grandir

Assise sur un banc, elle pleure sa jeunesse qui fiche le camp. Elle ne veut pas grandir. Grandir c’est des soucis, des contraintes, des obligations. Elle le voit bien à la maison.

« Maman travaille et quand elle rentre c’est pour s’occuper de nous. Quand, vers 21 heures enfin elle prend le temps de s’asseoir, la fatigue la gagne. Ses soirées sont faites de vide et de fatigue accumulée. Quand papa daigne rentrer, rares sont les sourires qui maquillent son visage. Il a toujours l’air préoccupé. Il semble ailleurs.  

Heureusement, il y a les vacances. C’est alors comme si tous deux réapprenaient à vivre. Ils jouent avec nous, prennent le temps de parler,  d’avoir des projets… Mes parents, c’est comme cela que je les aime. Détendus, l’air heureux et insouciants. 

Alors, à l’approche des derniers jours de l’été, je fais des voeux par milliers. Pour eux, pour moi…

Assise sur un banc, je ne veux pas grandir et je croise les doigts, j’implore, j’improvise….Je veux que chaque heure qui passe soit une collection de minutes étoilées, un morceau de sucre, une pépite…

Laissez-moi croire encore un peu que le monde n’est pas sur le point d’imploser.

Laissez-moi rêver. »