Déraison
Souvent, on le disait contrarié ou de mauvaise humeur.
Mais, c’était l’avenir qui lui faisait peur.
Il partait chaque matin, sa serviette sous le bras.
Des réunions, des contrats, il ne faisait plus que ça.
Rentrer toujours tard, lever le premier.
Pourtant la vie continuait à ses côtés.
Aveugle et sourd aux regards que lui lançait sa tendre épouse.
Dans son coeur comme une enclume, c’était le blues.
Un jour, il rentra et trouva la maison vide.
Pourtant, il ne changea rien, il n’était plus lucide.
Sa vie s’écoulait, il suivait inlassablement le chemin,
Celui qui ne mènerait à rien puisqu’un jour, il fut remercié.
Il ne manifesta aucun grief à l’encontre de sa direction,
Ce fut comme s’il recouvrait la vue et la raison.
Le poids de la culpabilité qui l’écrasait s’envola,
Il lui sembla qu’il respirait pour la première fois.
Toutes ces années à lutter contre sa vraie nature…
Cela avait été plus qu’une torture.
Il décrocha le téléphone et l’appela.
Quand il l’apostropha, il entendit avec soulagement,
Le mots qu’elle lui avait si souvent murmurés,
« Je t’attendais ».