Pantin désarticulé
-Sommes-nous des marionnettes? demanda Lise à son compagnon alors qu’elle venait de rentrer chez elle.
Il resta sans voix.
-NON, je ne pense pas.
Visiblement, la question l’agaçait.
Pourtant, elle se nicha dans un coin de sa tête et ne voulut pas en sortir. Elle semblait attendre une vraie réponse pas un faux fuyant. Elle s’installa donc et lui fit comprendre qu’elle avait tout son temps.
Tout d’abord, il s’indigna. Il aurait aimé se reposer, regarder un match à la télé. Mais cette petite question revint sans cesse à la charge.
Vaincu, il décida de réfléchir et de mettre noir sur blanc toutes ses idées.
A gauche les arguments qui répondaient par la négative : non, je ne suis pas une marionnette, à droite le contraire. Un débat à lui tout seul, lui contre lui…il devenait fou.
L’homme est une marionnette consciente qui a l’illusion de la liberté.
Il avait lu cela un jour et cela l’avait marqué. L’homme est-il alors maître de son destin? Tout est-il écrit à l’avance avant même la naissance? Il n’existerait alors aucun hasard dans chaque acte accompli? Je ne vivrais que dans l’illusion de la liberté mais serais en fait une marionnette articulée. Non, je préfère dire que l’homme peut choisir d’être libre. Quand je décide de faire autrement, de retourner en un lieu, personne ne m’y force! Lorsque je n’ai pas faim et que je décide de ne pas manger, je suis acteur là aussi. Mais, si j’agis effectivement sous la force inconsciente du destin, je me berce d’illusion et m’en rendant compte, je souffre de cette illusion.
Me promènerait-on alors en tirant les ficelles entre la vertu et le vice?
Et, qui tire les ficelles? Quels Dieux? S’amusent-ils bien là-haut de me voir aussi malheureux en cet instant?
L’exercice l’épuisait. Plus il tentait de répondre et plus les questions venaient en nombre!
Aussi, posa-t-il son crayon.
Il chassa la petite question de sa tête avec détermination. Celle-ci se sauva sur la pointe des pieds.
Il décida que ce soir il badinerait avec l’Amour, entre le vice et la vertu.
Cela ravit sa tendre épouse qui ne s’attendait pas à cela puisqu’elle avait pu observer sa mine renfrognée quelques minutes auparavant.
Ils décidèrent en toute « liberté » de ne pas dîner…et, sous la couette, surtout de ne pas parler…
Heureux, ils se laissèrent aller sans plus se questionner.
c’est intéressant ça c’est elle qui se pose la question de la liberté et c’est lui qui doit répondre, est ce un choix de ta part? S’interroger sur la liberté et attendre la réponse de l’autre, en plus comme un diktat, »attendre une vraie réponse et pas un faux fuyant », tout le contraire d’un échange philosophique. Peut on déléguer ses responsabilités, sa réflexion, ne doit on pas penser par soi-même? Une chose est sûr l’émancipation est un cheminement personnel, connais toi toi même…et ton texte montre bien que cette jeune femme attend de l’autre des réponses à son questionnement,et qu’elle ne participe pas à la discussion qui n’est pas un débat ni un échange et encore moins un partage quant au vice et à la vertu c’est un autre sujet qui demande aussi des approfondissements pointus…de belles et longues interrogations à avoir…Platon , Aristote Descartes et Lacan ont traité de la liberté,tu y trouveras de quoi alimenter ton questionnement et de jolis débats.à plus.
Bonjour
Une belle réflexion! Quand nous décidons de faire ou pas certaines choses, nous ne sommes pas des pantins.
Quand on nous oblige à agir alors cela est différent.
Nous ne sommes jamais vraiment libres de nos actions quand cela ne dépend pas de nous…
Je te souhaite une bonne journée
Amicalement
Dernière publication sur Mes émotions : A cette enfant que j'étais °°°°°