Liberté chérie
Sophie a la rage au ventre.
Depuis des mois, elle tourne en rond. Le temps lui parait si long. Elle rêve de partir, persuadée que là-bas, tout lui sourira. Elle a l’impatience des chevaux qui piétinement dans leur box, rêvant de grands espaces, d’obstacles et de vent.
Elle a à peine 23 ans et la vie lui semble au quotidien tellement ennuyeuse… Elle n’en peut plus d’étudier toute la journée.
Elle vient de décrocher son diplôme d’infirmière. Elle n’a jamais vraiment su quelle carrière elle souhaitait embrasser. Infirmière lui paraissait être une bonne idée.
Sophie ne souhaite pas pour autant s’occuper de son prochain, elle veut seulement se sentir vivante.
Pas d’attache, elle veut suivre le vent et les grands espaces l’attirent. Tel Christophe Colomb, elle rêve d’Amérique.
Elle compte s’installer dans un coin reculé, au beau milieu de nulle part. Des économies, elle en a. Ses parents ont disparu il y a 5 ans déjà et elle vit chez ses grands-parents. Elle a tout vendu et le joli petit pécule qui fructifie depuis tout ce temps l’a mise à l’abri pour quelques temps.
Sophie n’est pas une jeune-femme comme les autres. Son apparence lui importe peu. Heureusement, mère nature l’a conçue jolie et pétillante. Un peu renfrognée parfois, solitaire souvent. Elle n’atteint pas le mètre 70, ses cheveux courts coupés à la garçonne sont aussi noir que la nuit. Ses grands yeux verts illuminent son visage. Ils semblent absents souvent…
Ses grands-parents ne sont plus très vaillants et elle prenait plus soin d’eux que le contraire. Aussi quand papy lui a annoncé il y a quelques mois qu’ils allaient déménager dans un centre médicalisé, Sophie fut soulagée.
Sophie a donc fait faire un passeport, demandé une carte de séjour. Elle compte aller dans les grandes plaines du Nord, le domaine des bisons, des indiens, des chevaux. Le climat y est rude parfois mais Sophie éprouve un besoin irascible de se confronter aux extrêmes ! La vie a été si facile pour elle jusqu’à ce jour. Bien-sûr elle a perdu ses parents mais elle ne supporte plus de vivre dans du coton. Comment connaitre la vie, si elle reste ainsi ? Elle a besoin de prendre l’air mais surtout, elle a besoin de solitude afin de pouvoir se trouver. Plus tard, elle ira vers les autres, il y a certainement beaucoup à faire là-bas mais elle veut dans un premier temps, se confondre avec le paysage, se prouver qu’elle peut se débrouiller seule et ne faire que ce dont elle a envie.
Demain, elle se rendra à l’aéroport et bye-bye. La valise est prête.
Son voisin Jean, lui trouve du courage. Il aimerait tellement l’empêcher de partir parce qu’il a des sentiments pour Sophie et depuis longtemps. Mais, il est timide et elle ne l’écoute jamais. Elle joue avec lui comme on lance un dé. Et Jean, ne dit rien, habitué qu’il est depuis des années à subir les petits caprices de Mademoiselle. Le soir, il la regarde se déshabiller, à travers la fenêtre. Elle ne ferme jamais les volets. Il se caresse en rêvant d’un avenir commun.
Depuis quelques jours, jean ne dort plus. Il sait que Sophie va partir. Elle le lui a dit. Aucune tristesse dans ses yeux et cela le rend terriblement malheureux. Comment peut-elle envisager de partir ? Comment peut-elle songer à l’abandonner ?
Jean sent la colère monter en lui, un peu plus à chaque heure qui passe. Il ne mange plus et ses yeux dans le miroir ont changé. Ils sont devenus aussi noirs que le pire des cauchemars. Jean a l’impression que sa tête va exploser. Ses mains le démangent. Il tourne en rond dans sa petite chambre depuis des heures et a l’impression que c’est le monde qui lui échappe. Une voix semble lui crier qu’il doit la retenir. Mais comment ?
Alors, jean, n’y tenant plus quitte sa chambre et traverse la rue. Il entre chez Sophie et monte les étages jusqu’à parvenir à l’entrée de sa chambre. Il ouvre la porte sans prendre la peine de frapper. Elle le regarde étonnée.
-Je t’aime et tu ne peux pas partir, lance t’il désespéré.
Mais Sophie, déstabilisée, éclate de rire.
Déjà, elle ne le regarde plus et vaque à ses occupations. Elle vérifie une dernière fois le contenu de sa valise. Elle allait oublier son livre préféré.
Il fait un pas vers elle et la saisie par les poignets.
-Lâche-moi hurle t’elle, tu me fais mal.
Mais Jean, n’est plus lui-même. Il la serre dans ses bras, l’embrasse dans le cou.
Elle se débat, cherche à l’éloigner d’elle en le frappant.
Surpris, il la gifle. Elle se débat encore et ses vêtements se déchirent. Il se jette sur elle, il est comme fou. Le désir d’elle est si fort qu’il ne se rend même pas compte qu’elle suffoque. Il la serre tout contre lui. Elle est à lui, elle lui appartient. Il prend alors possession d’elle. L’acte est d’une violence inouïe.
Sophie ne respire plus. Il ne semble rien remarquer tant la passion l’aveugle. Quand dans un ultime râle vers le plaisir ultime, il relâche enfin son étreinte et semble redevenir lui-même, la jeune-femme git, inanimée.
Jean la secoue, se frappe la tête puis éclate d’un rire tonitruant dans la petite mansarde…il vient de basculer dans la folie. Personne ne pourra plus rien pour lui.
L’Amour les a emportés tous deux. Avec lui, les rêves de grandeur, l’illusion du bonheur.
Vraiment émouvant, moi qui ne suis pas trop fane de lecture mais là c’est un plaisir de lire, ton blog est plein de surprises, je te souhaite une bonne soirée
Amicalement
viviane