
Fleur, c’était son prénom.
Elle paraissait tellement fragile.
Un petit bout de jeune fille, aux yeux bleus et aux longs cheveux blonds.
Un amour d’enfant disaient ses parents.
Elle ne prenait pas beaucoup de place, paraissait timide mais sous la carapace, une énorme personnalité.
Fleur, que beaucoup surnommaient Fleurette, faisait l’unanimité. Elle portait des vêtements de coloris foncés qu’elle achetait à Paris. Des habits déjà portés auxquels elle offrait une seconde vie. Elle leurs ajoutait des boutons, des broderies…aux couleurs de l’arc en ciel. Elle adorait porter casquette ou chapeau qui lui offraient quelques centimètres vers le haut…elle qui rêvait de toucher les étoiles.
Autour de son cou, une écharpe de laine ou de soie pour ne pas attraper froid. Car, elle se savait fragile et depuis sa naissance, les séjours à l’hôpital avaient été fréquents.
Elle aimait les matins où le soleil était déjà haut dans le ciel et que la neige recouvrait le sentier qui la menait au lycée. Elle mettait alors de grosses bottes fourrées qui semblaient lui remonter jusque sous le menton. Le blouson auquel elle avait ajouté des épaulettes regardait alentour, ce paysage encore tout endormi, cette neige maculée qu’aucun pas n’avait encore tâchée…Notre Fleurette sifflotait comme à son habitude. Elle s’émerveillait de tout. Elle aimait aller à l’école. Elle y puisait toute l’inspiration dont elle avait besoin pour écrire le soir sur son ordinateur. Elle avait la passion des mots et des histoires. Elle avait fini par créer un blog afin d’avoir un avis sur la valeur de ses textes mais même s’il avait été défavorable, elle aurait continué à publier. Elle était persuadée du haut de ses 17 ans que quelqu’un comme elle, à l’autre bout de la planète ou tout à côté de chez elle, se sentirait concerné par ses textes et voudrait la rencontrer. Elle si introvertie au quotidien, retrouvait tous ses moyens lorsqu’elle s’exprimait sur le net. Sur la toile, aucun critère de discrimination. Pas d’âge, de physique…tous à égalité pour le plaisir de communiquer. Elle avait rencontré toutes sortes de gens mais elle restait prudente. Parfois, certains était mal intentionnés. Quand elle lisait la déviance, elle fuyait. En revanche, quand elle sentait la souffrance, elle restait attentive et ne coupait pas le fil. Cela lui demandait de l’énergie, beaucoup d’énergie. Certains communiquaient tard dans la nuit mais, elle était toujours là, l’écran en veille. C’était avec beaucoup de discrétion qu’elle faisait entrer parfois ces pauvres âmes dans ses histoires. Certaines disparaissaient sans un mot d’explication, d’autres demeuraient. Elle espérait leur offrir un peu de soleil, elle qui aimait tant les étoiles.
Et puis, il y a eu Manu.
Pendant des mois, elle l’a porté à bout de bras. Il était au plus bas. Les évènements s’acharnaient contre lui. Chaque jour était un véritable combat. Il n’y avait pas une once d’optimisme en lui, constamment il broyait du noir. Mais, elle est restée jusqu’au bout…sa déchéance lui faisait mal. Elle se sentait impuissante face à son chagrin d’amour. Manu avait le coeur brisé. Son amour l’avait porté si haut dans le ciel que la chute, elle le subodorait allait être mortelle. Mais, elle y a cru pour 2 parce qu’il n’était pas question qu’il meurt d’amour. Les sentiments, la passion cela devaient transporter. Un amour qui meurt et c’est un autre qui peut renaître. Ce serait tellement facile si l’on pouvait trouver son Amour dès le premier sourire, le premier regard…Manu, dans la réalité, cela ne se passe pas comme cela et un amour s’il n’est pas partagé n’est pas un Amour…
Alors, sentant Manu au bout du chemin, elle franchit le pas.
Elle, Fleur, petit bout de femme, ne pouvait se résoudre à lâcher l’affaire. Après des semaines et des milliers de mots échangés, elle se devait un ultime assaut. Il devait entendre la voix de la raison. Elle ne le jugerait pas, elle ne portait jamais de jugement, elle écoutait simplement. Là, il lui fallait agir sinon, elle ne se le pardonnerait pas. Elle irait voir Manu.
Il habitait Montpellier. Elle prit l’avion.
Ce qui se passa ensuite, je le garderai secret. Mais, qui n’a pas envie de croire aux étoiles?
Deux belles âmes ont-elles fusionné ce jour-là? Trouva-t’elle les mots? Y fut-il attentif?
Fleur a suivi des études de psychologie. Elle travaille sur une radio locale.Tard, le soir, elle est à l’écoute de tous ces gens qui ont besoin de se confier. Elle se sent utile. Sa vie personnelle est un désert pourtant parce qu’elle voue sa vie aux autres mais elle parait heureuse ainsi. Un homme de temps en temps mais pas encore la perle rare.
Manu va bien. Il a refait sa vie.
Elle n’a plus de nouvelle comme bien souvent, elle donne beaucoup, énormément, mais reçoit peu.
Mais, elle est heureuse ainsi, je vous le promets, elle est heureuse.
Et le soir, quand elle sort des studios, elle regarde les étoiles…